Le Cnam propose 750 parcours* de formation scientifiques, techniques et tertiaires, du niveau technicien au niveau ingénieur et doctorat. 20 centres en région et plus de 230 lieux d’enseignement répartis en France métropolitaine, ultramarine et à l’étranger répondent aux besoins des auditeurs et des territoires.
Les thématiques enseignées sont tout aussi riches : de la finance à la mode, de la recherche et développement à la culture scientifique et technique, pour ne citer qu’elles. Plongez dans un univers où formation rime avec passion.
Cette semaine, nous vous proposons de découvrir les thématiques dispensées par l’équipe pédagogique nationale (EPN) Innovation. Ce domaine regroupe des diplômes, parcours de formation et unités d’enseignement diversifiés, propres à former des experts de terrain.
Jean-Claude Ruano-Borbalan, professeur du Cnam, titulaire de la chaire Techniques et sciences en société, directeur de l’EPN Innovation, répond à nos questions pour éclairer vos futurs choix de formation.
- Vous dirigez l'équipe pédagogique nationale Innovation du Cnam. Celle-ci, sous ce terme générique, renferme bien des réalités : pourriez-vous les évoquer pour nous ?
Les activités de l’EPN Innovation correspondent à la vision contemporaine du développement conjoint entre innovation technoscientifique, économique (organisationnelle ou industrielle) et innovation sociale, territoriale et politique. Elle se déploie autour des objectifs systémiques que les sociétés modernes et l’industrie comme les territoires ou les individus doivent mettre en œuvre pour faire face aux défis majeurs de notre époque : inclusion sociale et politique ; prise en compte des réalités et effets des mondialisations ; accompagnement des transitions écologiques, énergétiques et des formes de l’innovation ; développement des projets et de l’entrepreneuriat dans les secteurs industriels, institutionnels, associatifs ; outillage des individus et professionnels en compétences et orientations pour ces défis. Pour ce faire, notre équipe déploie des formations allant du titre et certificat au master, DBA et magister. Quelques exemples : licences en GRH, Commerce et développement international, Gestion des organisations ; masters Développement international des entreprises, Organisation et développement durable ; certificats Initiation à la recherche, Gestion de la laïcité en société, Déploiement régionaux, etc.
- Le Cnam est reconnu pour concilier enseignements théoriques et pratiques, et ainsi coller au plus près des besoins de terrain. Comment opérez-vous dans votre équipe pour proposer des formations qui répondent aux besoins des entreprises ? Via quelles coopérations extérieures aussi ?
L’ensemble des forma
tions (certifications et diplômes) sont élaborées directement en lien avec la demande professionnelle, et pour certaines en partenariat direct (développement international des entreprises, info-com, design, RH, management public, médiation scientifique et technique, etc.). Les professeurs du Cnam comme les professeurs associés (intervenants de haut niveau) sont en lien direct et permanent dans leurs différents domaines avec les organismes professionnels, et tous les diplômes ont mis en place des conseils de perfectionnement au sein desquels le dialogue d’amélioration et d'adaptation se mène. Ajoutons, puisque les auditeurs sont des salariés en exercice ou en transition professionnelle, que la préoccupation d’adaptation aux besoins de la société et aux contraintes des secteurs professionnels et économiques est une évidence. Cependant, et c’est plutôt un atout, les formations supérieures proposées par le Cnam ne sont pas des outils au service des entreprises, mais bien plutôt des moyens de développement des compétences pour les auditeurs, qui deviennent de ce fait de possibles agents de la transformation et de la performance au sein des institutions, organisations et entreprises mêmes.
- Le monde évolue, les techniques aussi : quelles sont les innovations en cours ou à attendre dans les filières qui sont les vôtres ? Et quels cursus nouveaux sont susceptibles d'apparaître pour y répondre ?
L’intitulé même de notre département est orienté vers l’évolution et l’adaptation aux changements. La question dite des transitions est et sera de plus en plus une question majeure de la vie industrielle, territoriale ou institutionnelle. Est-il besoin d’argumenter sur les conséquences de l’activité industrielle, sociale ou politique des sociétés humaines dans la dégradation de notre environnement et le renforcement d
e la fragilité desdites sociétés ? Le Cnam et son EPN innovation sont en première ligne de la réponse nécessaire en matière de formation, et de recherche.
Un autre axe est celui de l’ingénierie culturelle, de l’éducation artistique et créative, et du design que le Cnam vient de renforcer significativement : création de nouvelles chaires, hébergement de l’Institut national de l’éducation culturelle et créative. Ceci constitue un élément extrêmement fort de notre développement.
Nous avons par ailleurs comme objectif un renforcement des capacités de formation par projet et engagement individuel : c’est précisément ce que l’on nomme l’entrepreneuriat (entrepreneurship ou agency), qui pour nous s’incarne aussi bien dans le domaine des territoires, de la culture et de la créativité, de la citoyenneté que dans la vision plus habituelle en France autour de la création d’entreprises ou de start-ups.
- Enfin, question plus large, comment voyez-vous l'évolution de la formation professionnelle à horizon 10 ou 20 ans ? Ce sera quoi, la formation de demain ? Ils seront comment, les élèves de demain ?
Par boutade, on peut dire que 10 ou 20 ans, c’est aujourd’hui !
Nous savons que la demande des auditeurs évolue dans le sens d’une personnalisation de l’offre de formation. Les politiques publiques ayant instauré le compte personnel de formation (CPF) y poussent. Elles sont malheureusement, on le sait, utilisées à des fins strictement mercantiles, qui ne bénéficient pas aux individus qui cherchent à se former. Pour autant, la tendance à l’adaptation individualisée des parcours de formation, déjà bien prise en compte par le Cnam, va se renforcer. La réponse est souvent purement technique ou managériale, notamment dans le cadre de formations privées de plus en plus coûteuses pour les individus : ce n’est pas et ne peut pas être la réponse unique. D’une part parce que le Cnam est un service public unique au plan mondial, dont la capacité de déploiement et de réponse aux besoins des territoires, de la société ou des entreprises est consubstantiellement liée à l’engagement des élèves. Or, se former n’est pas une pure consommation de morceaux de savoirs ou de compétences, mais un parcours engageant une transformation plus complète de l’individu. La question de la personnalisation n’est pas une question de consommation, mais une question de rapport entre le diplôme, la qualification, le parcours et l’engagement. Ce que seul le Cnam est en mesure de proposer.
Une dimension supplémentaire, à l’œuvre pour l’ensemble des formations initiales ou tout au long de la vie, s’ajoute à l’impératif de personnalisation : la prise en compte de l’interpénétration des préoccupations locales, nationales et internationales, dans toutes les formations et activités menées. De ce fait, la question internationale (intégrant notamment la question linguistique) est absolument centrale pour tous les professionnels d’aujourd’hui. C’est une dimension trop peu prise en compte en formation, quoique le Cnam augmente ses réponses en ce sens. Notre département a engagé une activité soutenue pour développer des réponses adéquates dans ce domaine.
*Nombre de parcours de formation pour la rentrée académique 2022-2023.